•                          "" VESCERA RESSUSCITERA""

                                                                           N O U V E L L E


    Ce jour-là ,j'étais avec Séléné: fille de Marc Antoine et de Cléopâtre ;elle m'avait tellement préoccupé. J'étais pourtant si tranquille tant que je la croyais, paisiblement endormie, au Mausolée Royal de Maurétanie mais la lecture d'un ancien document (1) que j'avais , depuis plus d'une décennie, me fit croire tout à fait le contraire :dans l'un de ses passages basés sur un raisonnement, on ne peut , plus logique, une erreur s'était glissé quant à la date (2) lui servant d'argument .

    A peine, avais-je écrit ces quelques lignes, afin de redresser ce tort fait à notre jeune princesse orientale, qui doit dormir toujours dans « son cercueil de verre »(3), qu'une voix, bien de chez moi, me fit sursauter :
    « Alors, VESCERIEN, redresseur de torts, il me semble que vous m'aviez oubliée ?
    -- Quelle grâce , ô mon Dieu ! m'exclamai-je , en me retournant d'un coup, et en ajoutant : mais qui êtes-vous Beauté Divine ??
    --Ne voyez-vous , donc pas ma couronne étincelante et ma longue chevelure brillante ? Ne voyez-vous, donc pas, ma stature imposante ?
    Je suis VESCERA : votre REINE et celle de tous les Ziban réunis !
    Aviez-vous oublié ? Vous m'aviez, pourtant , promis qu'un jour, Mohamed découvrira ce que Stéphane Gsell(4) n'avait pu découvrir ! ».
    Toutes mes préoccupations des années passées , que je pensais avoir oubliées ,me revinrent au triple galop comme si une grande brèche leur eut été ouverte.
    « Oui, oui ,oui ! Je sais que Stéphane Gsell avait cherché votre présence du côté du Vieux Biskra quand , vous, réellement, vous étiez du côté d'El-Alia où ,toute votre Cité Antique s'étendait ( et s'étend toujours) du Nord au Sud englobant la vaste superficie du plateau de l'université de Biskra » .

    Je me revis, enfiévré que j'étais avec mon petit Nadhiros et ma chère Niros auxquels j'avais communiqué ma fièvre, arpentant pour la énième fois le vaste chantier à la recherche de tout ce qui m'entretiendrait sur le passé de ce lieu si ancien que les engins sans cœur et les hommes inconscients charcutent, sans nul respect, sans nul soucis quant à ce qu'il représente pour moi, pour nous , pour eux-mêmes.
    « Alors, qu'attendiez- vous, VESCERIEN ?
    --Je vous attendais , ma REINE ! Car, lorsque j'avais commencé à « Crier » arce que chez nous , il faut « Crier » , on m'avait , tout bonnement , dit :« Cesse donc toi, de nous ressusciter les morts ! Tu vois bien que nous n'arrivons même pas à nous en sortir avec les vivants !».

    --Ah, oui !!!s'exclama VESCERA, quels hommes irrespectueux et blâmables!
    Mais, moi, je suis toujours vivante, VESCERIEN ! Certes entre l'antique que j'étais et la moderne que je suis, il s'était passé plus de vingt siècles, mais ma présence est là ! Mes pièces jonchent mes terres et abondent dans les tombes de mes premiers enfants qui étaient vos prédécesseurs sur cette terre !
    Ne t'en avais-je pas offertes quelques dizaines que tu avais amoureusement nettoyées pour les voir, enfin, d'un nouvel éclat de vie, briller et te communiquer toute mon histoire, votre histoire enterrée ? ».
    Que de temps n'avais-je pas passé à remonter le temps !
    Tout en frottant, - quoique déconseillé - que de poussière de temps n'avais-je pas respirée !
    Mes narines ainsi que mon gosier étaient, à mon insu , imprégnés d'infimes particules : de cuivre, de bronze, de plomb et/ou d'or, selon le cas, qui me donnait l'impression de goûter à tant de siècles passés .
    Combien était grand mon bonheur quand, après de subtils efforts et une grande patience, je voyais progressivement un visage brillant qui m'apparaissait comme ressuscitant, d'entre mes doigts poudreux, de plus de vingt siècles passés ! Il semblait m'entretenir et sa brillance m'hypnotisait.
    En ce moment-là, j'étais heureux, le plus heureux, et pouvais légitimement me vanter d'être, à VESCERA, le seul à pouvoir communiquer aux têtes dorées que les pièces de cuivre ou de bronze oxydé, cachaient ; pendant que mes concitoyens à leurs petites affaires s'affairaient, moi, je tentais de lire les noms que le temps allait, à jamais, effacer. Je m'empressais de les montrer aux personnes de mon entourage le plus proche, afin de leur faire partager ce plaisir ; Nadhiros était aux anges , il n'en croyait pas ses petits yeux .

    « Si, si ! ma REINE , je reconnais ; c'est pourquoi, j'avais même suggéré la création d'un musée à votre gloire, mais, me prenant, certainement, pour un demeuré atteint de « Romanite », on m'avait ri au nez. Renseignez-vous auprès de mes amis artistes du jardin London ,ô VESCERA, ma Reine !
    <st1:personname w:st="on" productid="la Voie">La Culture</st1:personname>, chez nous , est complètement piétinée.
    --Et, ce pan de mur qui témoigne de mes beaux termes qui n'avaient rien à envier aux eaux de Néris (5) ?
    --Ah! ce fameux pan de mur que les vieillards de chez nous appellent « le dromadaire » ou « Sidi Néris » ? »

    Cette dernière dénomination m'avait toujours rappelé Néron ou le saint Philippo Néri ! Mais, l'un comme l'autre, n'y correspond guère ; par contre, les Bains de Néris (6) , si !

    --Ce pan de mur, ma REINE, il a été noirci , comme vous aviez du le constater, par la fumée de tant et tant de bougies qui y ont été posées dessus par nos grands et arrières-grands-parents, afin de l'éclairer ; ils venaient y faire « la zerda » (7) , une fois l'an .
    Ils n'auraient jamais pu imaginer, les pauvres, qu'à deux ou trois mètres sous leurs pieds nus se trouverait un beau tapis de mosaïque vescérienne .

    -- Quant à votre antique nécropole qui se trouve tout juste à proximité des termes, elle avait été , hélas profanée par des engins aux cœurs d'acier.
    --Ce jour-là que je ne suis pas , prête d'oublier, de sitôt , j'étais en grand deuil, VESCERIEN ! Ma paix séculaire fut perturbée et je ne suis pas, du tout prête, aussi, à pardonner.
    --Moi aussi, ma REINE, j'avais partagé votre si grande peine ! J'étais profondément ému par la vision de tous ces ossements en l'air . C'est pourquoi mes amis et moi avions, instamment, arrêté les engins coupables et avions très vite protégé la partie découverte . Je pense que nous n'avions point failli.
    --Protégée ! Protégée, dites-vous ?
    Et, par un grillage qui ne vaut même pas la valeur informationnelle de l'épitaphe, commençant par: D.M.S (8), de : C. IVLE FELIX VIX AN LXX .
    C'est-à-dire qui avait vécu soixante–dix ans, voilà bien plus de deux mille ans. Mais, c'est fabuleux !Et, pourtant, son squelette n'avait–il pas été exposé au soleil et aux intempéries ainsi que les autres ?
    Protégée,dites-vous,VESCERIEN!!!Et,les squelettes qui manquent ?? ».

    Je revois des dizaines de squelettes , tout blanc, qui furent dérangés dans leur paisible sommeil ; un enfant ,qui se trouvait auprès de ses parents, semblait me regarder et me prier de les recouvrir.............................
    V E S C E R A !

    Donnez-moi votre main puisque je vous ai donné la mienne !
    Eclairez mon chemin !
    Et je vous promets qu'en mon nom votre nom ressuscitera :

    V E S C E R A ! ».

     

     

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    Nouvelle de : (M.L.A )

    Recueil de Nouvelles : ""L'ANGOISSE DANS L'OEUF "
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    La couronne que vous voyez ci-dessus est celle de "<st1:personname w:st="on" productid="la Voie">LA REINE VESCERA</st1:personname>"
    dénomination Antique de BISKRA .

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    (1) – Il s'agit d'un document édité par le Ministère du Tourisme en 1979, sous
    le titre : Mausolée Royale de Maurétanie »- Le passage en question : P.24.
    (2)- JUBA : 57à 23( Ce qui veut dire : avant J.C. et, non pas, après J.C.).
    (3)- De PIERRE BENOIT – « ATLANTIDE » Roman
    (4)-STEPHANE GSELL : Archéologue et Historien Français- Ancien directeur
    du Musée d'ALGER.
    (5)- Les Romains utilisaient déjà les eaux de N é r i s .
    (6)- Commune de l'ALLIER,arrondissement de Montluçon.
    (7)- Ancien rite pratiqué au Maghreb –dans notre cas-pour avoir une bonne
    récolte.
    (8)- D.M.S. : DIUS MANIBUS SACRUM (« AUX DIEUX MANES SACRES »).

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